L’Association pour le Renforcement des Contrôles de Chantier (ARCC) boucle sa neuvième année d’activité, marquant également la fin du mandat de son troisième président. C’est donc l’occasion d’un bilan approfondi, mais aussi d’une réflexion stratégique pour consolider et faire évoluer les fondements établis depuis près d’une décennie.
L’ARCC a su se positionner comme un acteur central dans le contrôle du respect des conditions de travail, notamment en coordonnant les commissions paritaires du gros et du second œuvre. Ces dernières, bien que relevant de branches aux structures et besoins distincts, partagent un objectif commun : garantir l’application des conventions collectives et du droit du travail, lutter contre les entreprises indélicates, traquer le travail au noir et illégal.
L’ARCC agit ainsi comme un carrefour des demandes et des problématiques remontées par les diverses commissions, qu’elle traite de façon collégiale avec l’ensemble des partenaires sociaux. Elle est également devenue l’interlocutrice principale dans des projets structurants, comme l’introduction du eBadges, ou les discussions avec des acteurs industriels majeurs, comme Lonza, dans le cadre de l’essor important de leurs activités de construction. Cette reconnaissance institutionnelle et privée démontre la pertinence d’une telle organisation
Le président Paul Bovier et le secrétaire historique, Louis-Frédéric Rey, quittent leurs fonctions, l’AVE adresse ses sincères remerciements à ces piliers de l’association.
Nous sommes convaincus que les bases solides mises en place permettront à l’ARCC de continuer à se développer, de s’ouvrir à de nouveaux marchés et d’étoffer ses prestations, toujours dans le but de garantir l’application des bonnes pratiques, des conventions collectives et des prescriptions légales.
Car le respect du droit est la condition sine qua non pour bâtir une économie forte, durable, et un État capable d’assurer des prestations de qualité à l’ensemble de ses citoyens.
Le fonds paritaire, géré par l’AVE, dispose d’organes compétents pour déterminer les priorités à défendre au regard des cotisations versées par les travailleurs et les employeurs, ainsi que de sa situation financière.
L’AVE a estimé que les représentants des employeurs devaient être plus actifs et faire bénéficier le fonds de leur expertise. Au vu de l’évolution réjouissante du fonds en termes financiers et de projets gérés, il devenait impératif que les compétences décisionnelles ne passent pas uniquement par un directeur, cantonnant l’assemblée générale à une sorte d’organe d’enregistrement.
Sous l’impulsion de l’AVE, une nouvelle organisation a été mise en place, comprenant un bureau paritaire qui se réunira régulièrement pour examiner les dossiers présentés par le directeur et décider des actions à mener dans des domaines clés tels que la promotion de la branche, le soutien aux formations, la sécurité et le développement de nouveaux produits. Il est crucial que toutes les parties prenantes s’engagent pleinement afin de défendre au mieux notre branche, qui le mérite amplement, et de garantir une gestion optimale des ressources financières.
La nouvelle structure a été lancée en janvier 2025, et l’on peut dire qu’elle a été satisfaisante pour toutes les parties concernées. Des initiatives telles que la promotion Your Challenge, la relève, et les nouvelles technologies avec l’eCampus font désormais partie intégrante de cette dynamique. Les choses évoluent rapidement, et il est essentiel que chacun soit bien informé pour pouvoir définir les axes stratégiques en toute connaissance de cause et, grâce à l’échange d’idées, parvenir aux meilleures solutions.
Offres et développement de la formation
Les nouvelles formations professionnelles, désormais centralisées à l’échelle suisse, viennent de s’achever ou sont en train de terminer leur premier cycle. Si les examens sont uniformisés, les écoles conservent toutefois leur autonomie dans le contenu des enseignements, ce qui entraîne une certaine inquiétude chez les candidats quant à l’adéquation des formations avec les exigences des examens.
La nostalgie de l’ancien système se fait sentir. La réforme de la formation de conducteurs de travaux, en particulier, ne répond pas aux attentes. La réduction significative du contenu et du nombre d’heures de cours impose aux employeurs un investissement important pour assurer une formation adéquate, avec un résultat qui, selon notre analyse, reste inférieur à celui obtenu grâce à l’ancienne formation ainsi qu’aux standards attendus. Un constat regrettable.
Lorsqu’une réforme ne donne pas les résultats escomptés, il est sage et responsable d’envisager des ajustements. Nous espérons que les propositions formulées à l’époque par le canton du Valais et la Région Romandie, en faveur du maintien de certaines formations, seront réexaminées comme alternatives valables à la formation actuelle.
Le renouvellement des générations avec leurs particularités culturelles et sociétales est un enjeu central pour notre branche. L’AVE en est pleinement consciente et s’interroge sur la pertinence de la maturité professionnelle. Si certains maçons pourraient être attirés par cette voie, encore faut-il qu’il existe des formations HES (hautes écoles spécialisées) correspondantes, ce qui n’est actuellement pas le cas pour notre secteur. En l’absence d’opportunités, ces jeunes talents risquent de se détourner de notre branche, ce qui représenterait une perte regrettable. La HES-SO Valais Wallis de par ses compétences et sa localisation pourrait être le couteau suisse pour pallier cette lacune. Des premiers contacts ont été pris et le dossier est en phase d’analyse.
La génération des baby-boomers est ou approche de la retraite, et la balance entre ces départs et les nouveaux apprentis est clairement déséquilibrée. Il est d’autant plus réjouissant que les chiffres se stabilisent et que nous enregistrons une augmentation continue du nombre d’apprentis, signe évident de l’attractivité retrouvée de notre métier.
Notre métier est en constante mutation et les exigences pour entrer dans la profession ont considérablement augmenté. Sa technicité, l’intégration de nouvelles technologies, ainsi que les compétences requises en mathématiques, géométrie et gestion de l’espace en rendant parfois l’accès difficile.
Cette évolution mène malheureusement au constat que certaines candidates et candidats, malgré une grande motivation, ne possèdent pas les connaissances de base nécessaires. De ce fait, des places d’apprentissage restent vacantes.
Dans le cadre de nos efforts pour assurer la relève, deux projets majeurs ont vu ou verront le jour en 2025 :
Il s’agit tout d’abord du cours de langue, lancé en collaboration avec Inligua avec des jeunes Italiens souhaitant se former en Valais.
Jusqu’à présent, la barrière linguistique les obligeait à se rendre au Tessin pour suivre une formation – souvent sans jamais revenir. Grâce à ce projet, les participants ont désormais la possibilité, en parallèle à leur travail sur les chantiers, de suivre pendant une année des cours intensifs de français ou d’allemand, sous forme de cours journaliers et de blocs, et ainsi de mieux s’intégrer.
L’objectif est de leur permettre, par la suite, de suivre une formation débouchant sur une attestation fédérale de formation professionnelle [AFP] ou un certificat fédéral de capacité [CFC] – contribuant ainsi activement à lutter contre la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée et à renforcer les compétences locales.
Le succès ne devrait pas se faire attendre : sur les sept participants, cinq vont terminer leur formation, quatre d’entre eux devraient signer un contrat d’apprentissage avec l’entreprise, qui débouchera sur une attestation fédérale de formation professionnelle [AFP]. Un tel projet répondrait à l’un de nos objectifs centraux : la constitution d’une main-d’oeuvre locale stable, qualifiée et disponible à long terme.
Quant au projet PET [Programme d’Emploi Temporaire], en partenariat avec l’Etat, il débutera le 1e juillet. Il vise à offrir aux chômeurs une formation spécifique de 40 jours, orientée dans le domaine de la construction. Ce programme inclura une évaluation de compétences et permettra aux participants de développer un profil attractif pour l’embauche. Il s’agit d’une démarche gagnant-gagnant : le chômage investit dans la formation, et notre branche bénéficie de travailleurs mieux formés et donc plus aptes à être employés.
L’eBadges est un projet aussi ambitieux que nécessaire, dont les objectifs font l’unanimité : assurer le respect des marchés publics, lutter efficacement contre le travail au noir, et garantir la transparence dans les relations de travail – au bénéfice des entreprises, travailleurs et maîtres d’ouvrage.
Sur le papier, sa mise en œuvre aurait pu sembler simple. Pourtant, la réalité s’est avérée autrement plus complexe. Il a fallu coordonner un grand nombre d’acteurs, harmoniser des législations cantonales, conventionnelles et/ou règlementaires parfois très différentes, tout en prenant en compte les spécificités propres à chaque partenaire. La diversité des intervenants a naturellement généré des défis, mais aussi rendu ce projet plus riche et plus représentatif du tissu économique valaisan.
Grâce à un engagement sans faille de l’AVE, aux efforts conjoints de ses partenaires et au soutien déterminé du Conseil d’État, le projet a pu être officiellement lancé le 1er janvier 2025. Il deviendra obligatoire dès le 1er juillet 2025 pour toute entreprise souhaitant soumissionner à des marchés publics sur invitation et de gré à gré cantonaux.
Des sessions d’information et de promotion, notamment à destination des communes, ont été organisées. L’accueil réservé à ce dispositif a été très largement positif, témoignant d’une volonté commune d’avancer vers davantage de transparence et de conformité. Le Valais s’inscrit ainsi une nouvelle fois comme un canton précurseur, en avance sur la mise en œuvre de solutions numériques concrètes pour la branche de la construction.
Ce projet, dont l’association ISAB-SIAC – plateforme nationale chargée de générer les badges et attestations dans le domaine de la construction – est un partenaire essentiel, pourrait bien s’imposer comme modèle suisse. Son succès repose avant tout sur un pragmatisme constant, un travail rigoureux, et une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés. Ces éléments constituent une fois encore les fondations de la réussite, et ouvrent la voie à une gestion plus efficace, plus juste et plus sécurisée du secteur de la construction.
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