Depuis son origine la formation a en effet toujours été au coeur des réflexions et un moteur essentiel de notre engagement.
Le monde change. La science avance. Si les principes de base demeurent, leur traduction évolue et modifie non pas l’objet même de notre savoirfaire, mais la façon de le décliner. Le maçon d’aujourd’hui, tout comme celui d’hier, réalise toujours des routes, des bâtiments, des ponts… mais de manière différente. L’électronique, la digitalisation, les aides technologiques font que les compétences de la relève ne peuvent plus se résumer à une agilité des mains et un corps robuste.
En 2023, il a fallu accepter la révolution du Masterplan. Cette réforme globale avec ses changements de paradigme a débuté et apportera, espérons-le, des améliorations.
- Le diplôme cantonal de chef d’équipe a vécu. Il est désormais remplacé par un brevet fédéral géré par la SSE. Les écoles, dont notamment la nôtre, ont dû s’adapter afin que l’enseignement qu’elles dispensent s’y conforme et influe positivement et en finalité sur la réussite. Nous ne pouvons que louer les précurseurs qui mirent initialement sur pied cette formation dans notre canton et qui a vu, depuis le début des années 80, se succéder des volées de candidats. Elle a permis à des maçons de devenir des leaders, de prendre leurs responsabilités et de poursuivre, pour certains, une carrière dont les possibilités sont multiples et inégalées.
- Le brevet fédéral de contremaître a également été « remastérisé » et les candidats évoluant sous ce régime passeront leurs examens en 2025. Les différents centres romands – nos partenaires, que nous remercions – ont entrepris un travail colossal afin que cette nouvelle filière si importante pour notre branche soit prête à temps pour éviter une interruption dans dite formation, ce qui aurait généré une perte de diplômés alors que le besoin est plus que patent.
- De leur côté, les conducteurs de travaux ont vu leur destin changer de main. La formation idoine n’est désormais plus sanctionnée par un diplôme ES, mais EPS. En résulte un affaiblissement en termes de compétences, dû principalement à une diminution des cours et des domaines enseignés, constat que nous avions déjà dressé. Cependant, et malgré nos réticences, nous avons malgré tout concentré notre énergie, en partenariat avec les autres écoles de la Romandie, pour asseoir dans les meilleures conditions cette nouvelle formation. La première volée a débuté en janvier 2024. et des enseignements pourront sans nul doute être tirés à terme, à savoir si cette formation correspond aux besoins et attentes, tant des candidats que des entreprises.
- Les machinistes sont une clientèle très prisée, dont la responsabilité nous a été déléguée par l’Etat du Valais. Nos cours sont dispensés depuis plus de 50 ans avec force succès. Alors que les machines et les chantiers se complexifient de plus en plus, que les dangers s’accentuent et que la responsabilité des entrepreneurs va grandissant, la SSE défend un permis allégé au niveau national. Cette philosophie ultra libérale nous déstabilise et nous déroute. En effet, comment envisager devoir payer un salaire conséquent pour une formation à notre sens lacunaire, qui ne manquerait pas d’ouvrir la porte à d’autres, bien éloignées des standards actuels ? N’oublions pas que les gains générés par un solide bagage professionnel surpassent de loin les montants investis au départ.
La relève représente évidemment un défi permanent et notre branche offre des conditions très intéressantes, quelles que soient les compétences des travailleurs. Durant toute leur carrière, ceux-ci peuvent se former à leur rythme, selon leurs besoins et leurs ambitions. De surcroît, afin de permettre à des personnes étrangères de rejoindre notre Corporation, un cours pour allophones sera mis sur pied cet automne en Valais. Une belle opportunité, pour des travailleurs entravés par leur méconnaissance de la langue, d’apprendre et de pouvoir par la suite se former, obtenir des diplômes et embrasser la carrière de bâtisseur.
Les besoins de formation à court, moyen et long terme, font l’objet d’intenses réflexions. L’AVE se doit d’être proactive afin de fournir à ses membres les instruments appropriés permettant de développer des entreprises qualifiées et performantes. Actuellement, le futur du centre PASEC fait l’objet de toute notre attention. Nous souhaitons en effet analyser clairement les besoins pour offrir aux intéressés, dirigeants et personnel, des possibilités de formations globales pour remettre à niveau certaines connaissances, eu égard aux innovations techniques, générer par ailleurs des vocations auprès d’ouvriers étrangers à la branche et déterminer le type de modules axés sur la préparation à des formations supérieures.
Les défis sont constants. Preuve en sont de nouvelles formations qui risquent de voir le jour et qu’il faudra intégrer dans notre cursus. Il s’agit ici notamment d’un éventuel apprentissage (CFC) touchant aux processus de construction et de planification, ou d’une maturité professionnelle donnant accès aux formations académiques HES, alors que, pour le moment, aucune filière spécifique n’existe dans notre secteur.
Des perspectives sont donc ouvertes. Reste à les traduire et les concrétiser selon les besoins réels de nos membres.